[luciano maggiore]

LUCIANO MAGGIORE - Intersezioni di Vortici, Studi Ritmici e False Chimere (Senufo, 2012)
Premier disque solo de Luciano Maggiore après plusieurs CD-R et EP, en solo aussi, ou en compagnie de Francesco Brasini. Maggiore est également un collaborateur constant du  percussionniste Enrico Malatesta. Si Maggiore est surtout connu pour son intérêt pour les systèmes de diffusion complexe comme la quadriphonie et les sources statiques comme les walkmans, il s'agit ici d'une courte suite de dix miniatures pour synthétiseur analogique.

Sur cette suite, il n'est pas question de virtuosité et de démonstration de force, Luciano Maggiore se concentre principalement sur le déphasage des boucles. Chaque pièce explore une courte boucle analogique, un léger bug électrique avant de la déphaser progressivement. Les textures sont pauvres, austères et simples,  mais c'est le mouvement du son qui est intéressant ici. Maggiore propose dix séquences d'un évènement sonore analogique quelconque mis en mouvement. Comme autant d'études du rythme propre aux fréquences acoustiques. Des textures simples, mais une approche profonde et immersive du son, car Luciano Maggiore s'emploie ici à mettre en évidence ce qui ne l'est pas, le mouvement même des ondes dans l'air. Une suite qui demande de l'attention et une immersion complète, qui demande à vraiment rentrer dans chaque phénomène sonore comme dans un tableau. C'est parfois dur, mais ça en vaut le coup, car l'expérience est vraiment singulière.

[présentation & extraits: http://www.senufoeditions.com/wordpress/?page_id=577]

LUCIANO MAGGIORE - Yellow (Villa Romana, 2010)
45 tours publié par la Villa Romana, Yellow est une suite de quatre courtes pièces composées par Luciano Maggiore à l'occasion d'une installation sonore. Je ne connais rien de cette installation, hormis que ces quatre pièces ont été enregistrées dans le but d'être diffusées à travers un casque dans un lieu précis.

En elles-mêmes, ces pièces qui durent entre une et quatre minutes flirtent de très près avec la musique concrète. De nombreux objets sont frottés et le geste est également rendu par une spatialisation du son à travers la stéréo. Dans cette suite intense et sombre, presque oppressante par moments, Maggiore s'intéresse déjà à la diffusion du son dans l'espace, ou à l'espace comme structure temporelle. Car c'est le geste et le déplacement qui donne forme à la musique ici. Et non l'inverse.

Quant aux sons en eux-mêmes, c'est strident, oppressant, intense, extrêmement tendu, et Luciano Maggiore s'y plonge à corps perdu. Comme du polystyrène frotté, et enregistré de très très près, avec en arrière-plan des soubresauts granuleux. Une manipulation de bande assez jouissive en somme. De toute façon, il s'agit bien là d'un disque aussi court que réjouissant. Excellent travail.